A mon coquinquagénaire


A l'occasion de nos cinquante ans


Avant que mon cher beau-frère ne vous le suggère,

Je vous conseille, en reprenant son expression,

De rire  tout de suite  ... surtout lui !

 

 

 

Certains se sont peut-être demandés pourquoi

Nous avons choisi de fêter l’évènement ensemble.

Assurément, Thierry est entré

Bien plus tôt que moi dans le moyen âge,

Et nous nous ressemblons si peu,

Mais vous allez comprendre ...

Finalement, cette fête commune

Ne fera qu’ajouter à la liste de nos ... affinités :                 

 

1. L’année 52 évidemment

 

Qui , à défaut d’avoir été héroïque,

Fut, n’ayons pas peur de le dire, plutôt bien inspirée :

Pour ne  citer que des célébrités grand public,

Sylvia Kristel, Daniel Balavoine, Renaud, Guillaume Durand, J.Paul Gaultier, Alain Giresse, Mustapha Dahleb, ...Thierry Plumey 

 

2. Le travail

 

J‘enseigne, il professe, nous éduquons ...

Éduquons, vous pouvez l’écrire en un seul mot !

 

3. Amance

 

Qui serait resté un village tranquille

Si, dans les années 70,

Une horde de trublions noctambules

N’était venue  troubler, à jamais, le sommeil de ses habitants.

En leurs noms, 30 ans plus tard, je dis ... merci Thierry !

 


4. Le foot

 

Mais, je m’empresse de le dire,

L’ex -meilleur pied gauche d’Amance

N’a, hélas, jamais eu le plaisir de tacler

Le toujours meilleur pied gauche du Nord-est.

On ne confond pas roulette avec ... boulette !

 

 

5. Le lycée Gambetta

 

Qu’il s’est, entre parenthèses, empressé de fuir

L’année où j’y établissais mes quartiers.

Nous arrivons malgré tout, grâce à quelques profs ... taches,

A évoquer des souvenirs de potaches !

 

6. La photographie noir et blanc,

 

Plus précisément le travail en laboratoire

Car je ne lui ferai pas l’affront

De comparer le petit Doisneau ... à venir

A celui qui croît encore  ...

Au petit oiseau qui va sortir !

On ne compare pas

Leïca à Minolta !

 

Je pourrai maintenant ajouter à  la liste,

Notre intronisation de quinquagénaires!

 


50 ans, ce n’est pas encore l’âge des bilans

Mais assurément celui des questions,

Existentielles bien sûr,

Mais aussi des questions bien plus ... subtiles !

 

Du style :

 

   - Resterai-je encore jeune quand je serai vieux ?

   - Serai-je en état pour le marathon de Melun-Sénart 2052 ?

 

ou bien encore :

 

   - Après avoir été plutôt gâté, vais-je devenir gâteux ?

   - Quand je n’enseignerai plus les S.V.T, sciences de la vie et de la Terre , devrai-je m’initier aux S.V.T, sciences du vieillissement tranquille ?

 

Regardez Thierry,

On pourrait croire, depuis qu’il aime Emma,

Qu’il a plus d’assurance !

Eh bien non !

Peut-être moins de blabla,

Mais toujours autant de tracas !

 

Je sais qu’il va m’en vouloir

Mais je vous livre quand même un aperçu des soucis

Qui  perturbent ses nuits :

 

   - Longtemps après le concours du plus jeune footballeur,

Va t-il oser celui du plus vieux footballeur ?

   - Devra t-il voyager de plus en plus pour préserver sa jeunesse ?

   - Après l’IUT, devra t-il s’inscrire à  “ l’eut été “ ?

   - Quand il ne sera plus chef de département,sera t-il encore  ... le chef dans son appartement ?

 


Voilà de vraies questions

Et des années qui vont venir,

Nous attendrons les réponses.

 

Pour l‘heure, ce soir,

J’en appelle à tous les  “ quinquas “ bien avancés,

Pour accepter, sans jalousie,

Deux p’tits nouveaux  ... bien conservés,

Dans cette nouvelle catégorie.

 

Désolé pour les “ sexas “ et autres “ septuas “

Mais même en usant des meilleurs subterfuges,

Vous garderez toujours quelques longueurs d’avance !

 

Pour terminer, je dirai ... rendez-vous dans 10 ans

Pour vous montrer si nous avons été

A la hauteur de nos prétentions,

Mais  ... surtout ... pour faire,

Avec ceux qui pourront suivre,

Une nouvelle  -  grosse   -  et belle  - fête !

 

Le 24 août 2002

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ven.

28

juil.

2023

J'irai courir sur vos tombes

 

Et but ! ». 

 

Ainsi parlait Daniel, d’une voix aussi puissante que l’était son pointu, quand, d’un tir ravageur, il venait de marquer.

Celle-ci résonne encore dans la rue Saint-Martin comme un écho sans fin renvoyé par les murs de l’église séculaire.

 

Zut ! Trompé par Bimbo ! Vévé, qui se vantait d’égaler Formici, gardien emblématique du grand Troyes Aube Football, en était dépité.

 

Daniel, il faut le dire, était un grand gaillard, pas vraiment cérébral, mais reçu au certif, dont la force égalait sa surcharge pondérale. Ses presque 100 kilos, un tissu adipeux bien supérieur aux normes, lui valurent ce surnom au sens éléphantesque. Au demeurant gentil.

 

Il arrivait parfois qu’on lui lance un défi : le tour de La Ville aux Bois - ce hameau haut perché qui devint Amançois en 1825 - dans une course à vélo.

 

Cinq kilomètres de course avec une pente moyenne de presque 5 %, pour mettre en appétit, et quelques courts passages à près de 12 % !

Sur la ligne de départ, trois, quatre vélos classiques, munis de dérailleurs, et notre ami Bimbo chevauchant une vieille Bleue, un deux-roues délesté de son précieux moteur. Malgré le handicap lié à sa monture - à peine 3m 50 à chaque tour de pédale - Daniel, dans la montée, parvenait à nous suivre, faisant même jeu égal, car le braquet unique de sa bécane spéciale était mieux adapté aux traîtres raidillons qui marquaient le parcours. La masse de la machine semblait bien peu de chose sous la musculature du redoutable athlète. À partir de l’église, il finissait quand même par céder du terrain. Le développement cette fois devenait une entrave et Daniel, ahanant, dépassait l’édifice sans le moindre regard sur ce joyau roman daté du 12 ème siècle, l’église de l’Assomption.

 

Cette église paroissiale au plan rectangulaire cache de nombreux trésors que nous étions, sans doute, nombreux à ignorer. Car lequel d’entre nous avait seulement franchi son porche en pan de bois et pénétré le lieu ?

 

Sur le sol de sa nef, recouvert de tomettes, un chevalier en armes, Messire de Rochetailler, et sa dame Damoncourt, dévoilent leurs armoiries sur  le calcaire luisant d’une grande dalle funéraire. Écoute, cher visiteur, les voix évanescentes de leur esprit rodeur, murmurer aux oreilles leurs histoires de famille ! Ils parlent de leurs bonheurs, de leurs peines, de leurs larmes.

 

Deux autres pierres tombales, celles d’Antoine de Mertus et de Gaspard de Pons, vous invitent discrètement à remonter le temps des chevaliers-seigneurs qui édictaient des lois et rendaient la justice.

 

Sur les murs dévoués à la sobriété, des statuettes en bois peint. Sainte Catherine, saint Eloi ; saint Sébastien, martyr, le torse percé de flèches, saint Nicolas de Myre, les trois doigts étendus au dessus du tonneau, invitent à la piété.

 

Sur sa « bicyclette » bleue, Daniel, très à la peine,  inspirait la pitié. Il vivait sur l’asphalte un autre chemin de croix. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Daniel courbait l’échine mais ne s’avouait vaincu et restait bien visible dans nos rétroviseurs.

Il n’est de bête blessée qui ne trouve les ressources pour un ultime combat. Et passée la grande ferme, dite de l’ancien château, la pente devenait douce. Un faux plat salvateur pour le sérieux coup de pompe que connaissait Daniel.

 

Nous virions à la mare très largement en tête. La promesse d’une descente nous redonnait des jambes. La descente, 6% en moyenne, les premiers hectomètres à près de 15% !

Hélas, nos développements montraient vite leurs limites. Passé un certain rythme, relancer nos vélos devenait impossible. Notre accélération n’obéissait cette fois qu’à la seule pesanteur et pas à nos mollets. Sur ce terrain encore, notre pesant Bimbo et sa lourde machine avaient alors sur nous un précieux avantage. Et plus Daniel fonçait, plus notre avance fondait !

Heureusement la côte n’était pas des plus longues et nous pouvions atteindre la 443 avec un peu d’avance. Un axe très fréquenté qui était à l’époque le passage obligé, du moins le préféré, des vacanciers du nord. Belges et Néerlandais passaient ici en nombre pour rejoindre, à Ablis, l’autoroute du soleil. Nous devions sur cette route, rester très vigilants.

 

C’est ainsi que Daniel, de montées en descentes, de descentes en faux plats, sans jamais nous rejoindre, jouait à l’élastique, pour n’avoir sur la ligne, qu’un hectomètre ou deux de retard sur nos cycles. S’il n’en avait conscience, Daniel réalisait un véritable exploit.

 

« Et but ! »

C’est dans l’eau qu’il fallait récupérer la balle.

Mais comment aurait-il pu en être autrement sur ce quadrilatère aux limites naturelles constituées par l’Amance et le « ru de la honte », le ru des polémiques, que d’aucuns accusaient d’être le pot de chambre de gens indélicats.

 

Nous courions sans vergogne, et sans nous émouvoir,  sur l’aire abandonnée, pour des raisons d’espace et de santé publique, du cimetière paroissial où jadis reposaient notables et bons chrétiens. Au chevet de l’église, comme il était d’usage. Et même si de longtemps leurs derniers ossements avaient été levés, placés en fosse commune dans le nouveau cimetière, leurs esprits rodaient là, dans cet espace sacré que nous venions troubler.

 

« Et but ! »

Quand le royaume des ombres se laissait envahir par des rois insolents, le cimetière d’autrefois revenait à la vie et sa terre, en jachère, devenait pépinière de modestes talents.

Francis, Philippe, Bimbo ; Daniel, Fernand, Nanard ; Michel, Jean-Jacques, Bidule ; Jean-Luc , Dany et Serge ; Alain, Jean-Paul, Philippe, nous étions dix et cinq, nous étions une quinzaine qui, après le turbin, débarquions au cimetière pour le grand festival des soirées estivales.

Roulettes et passements d’jambes, grand pont, double contact ! Un festival de « cannes » sur une scène macabre.

 

Deux pulls et deux chemises et nous avions les buts. Quatre pieds qui se rapprochent et le premier d’entre eux qui parvenait à mordre sur les orteils de l’autre, choisissait, un à un, les membres de son équipe.

 

Les niveaux, avouons-le, étaient des plus divers, des acteurs confirmés, licenciés dans des clubs, jusqu’aux simples figurants qui apportaient le nombre. Mais l’envie et la joie étaient bien partagées. Et tout naturellement, Formici, Zorzetto et autres Pleimelding, les nouvelles stars d’une Aube sortie du crépuscule, devenaient les modèles qu’on rêvait d’imiter.

 

Les filles nous regardaient. Supportrices excitées, elles encourageaient l’un, criaient le nom de l’autre. Et sans doute, nos parades étaient-elles décuplées par l’idée qu’une d’entre elles serait peut-être sensible à nos prouesses techniques. Si elle ne l’était par nos charmes athlétiques !

 

S’en revenant du bois, Dany, le bûcheron, apparut un beau jour muni de quelques perches. Deux rectangles de bois d’une longueur de 4 mètres se trouvèrent face à face, plantés dans le sol dur.

Les pulls et les chemises retrouvèrent leurs mannequins.

Ces limites dans l’espace mettaient enfin un terme aux discussions stériles sur la validité de tel ou autre but.

Dès lors, notre Vévé devenait le phénix et l’hôte de ces bois.

Quand les charmes tremblaient sous un tir appuyé, la reprise de volée d’un Bimbo ou d’un Liard, les filles se gondolaient. Elles espéraient, sans doute, l’envolée des bois verts ! Histoire de s’amuser.

Mais les traverses tenaient.

 

Nous jouions bien ou mal, mais nous jouions heureux ! La passion était là. La fatigue quotidienne de ceux qui travaillaient, disparaissait. D’un coup. Comme par enchantement.

 

Il en était ainsi chaque soirée estivale. Au sortir du travail ou au retour des champs, nous nous retrouvions là.

Jusqu’à « l’heure de la soupe ».

 

Derrière les contreforts de l’église Saint-Martin, il arrivait parfois qu’un espion vienne nous voir. Tatave, Jean-Pierre ou Jacques.

Chacun, évidemment, encourageait les siens mais dans leur tête une graine, une précieuse radicule, se développait déjà. Cette idée que, peut-être, notre village d’Amance pourrait franchir le pas et permettre à ses « stars » de chausser, pour de bon, des crampons officiels.

 

L’idée fit son chemin.

 

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ven.

23

juin

2017

La pensée du jour

Toute musique qui ne peint rien n'est que du bruit.

[ Jean le Rond d'Alembert ] - Discours préliminaire à l'Encyclopédie

 

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