A la môme Nicole

Pour ses quarante ans

 

 

 

 

 

Excusez-moi mais …

J’ai des choses importantes à dire …

Celle que vous allez introduire

Dans le club des quadragénaires,

En savez-vous l’itinéraire ?

Qu’a-t-elle fait de ses quarante ans

Qui justifie cet avènement ?

 

Ce soir, on m’a donné mandat

Pour vous conter sa belle histoire.

Ce soir, qu’elle soit d’accord ou pas,

Vous allez, enfin, tout savoir.

Et si vous venait à l’idée

Que j’ ne suis pas le mieux placé

Vous faites erreur ; Détrompez-vous

Car de sa vie, moi, je sais tout !

D’la p’ tite praline de Montargis

A la secrétaire de Bouilly;

De la petite somnambule

Qui voulait décrocher la lune;

De sa rencontre avec Laurent

A la mère poule de Javernant.

 

Ne t’en fais pas la môme Nicole,

Je n’ jouerai pas  l’ tonton flingueur

Et encore moins le maître d’école,

J’ne dirai rien de tes secrets,

Rien qui puisse Évelyne choquer ( Choquet ) ;

A peine, serai-je un peu … chambreur !

 

 

La première chose qui surprend

Dans sa petite biographie,

C’est le nombre de déménagements.

Pour suivre un père, puis un mari,

Fallut combien d’appartements ?

C’est carrément impressionnant !

 

Nous sommes en soixante sept,

Chez les Geoffroy on s’agite ;

Il faut gagner sa graine.

Adieu Nationale sept !

Villeneuve la Garenne

Sera leur nouveau gîte.

 

Mille neuf cent soixante huit,

Femme et enfant à bord

Vers le quatre vingt huit !

Son père l’a décidé,

Elle battra le pavé

Des rues de Saint Nabord.

 

Mille neuf cent soixante dix.

Nos âmes vagabondes

Vont encore s’envoler.

Ca en devient banal !

Ce sera Epinal.

Là, à voir trop d’images

Dans son école ronde,

La petite fille trop sage

Aurait pu mal tourner !

 

 

Les années passent, et dix !

Les lauriers iront couper

Dans les sous-bois d’ Clichy

Feront un autre nid

A Saint Maur des Fossés

Et puis … l’apothéose !

 

Un écrin de verdure,

Un sentier botanique,

Un bouillon de culture,

Un grand golf public

Pulnoy !  La vie en rose …

 

Arrive quatre vingt deux.

C’est la mort de décembre.

Quand elle sort de sa chambre

Elle ne sait pas encore,

Oh ! Mieux que Pythagore ,

Qu’un plus un égal deux !

 

Ce soir, c’est le grand bal

Animé par le C.A.L.

Le bal des pauv’ garçons.

Déjà, ils sont tous ronds …

Les loups sont dans Pulnoy,

Les biches sont aux abois …

 

Un slow, un super tube,

La fille se laisse aller,

Le pauv’ garçon titube,

C’est sûr, elle va céder…

Et puis … Le grand trou noir !

Une faille dans leur mémoire …

 

 

Que s’est-il passé cette nuit là ?

Quatre vingt deux ? Quatre vingt trois ?

Mais quel est donc le millésime ?

Cela restera une énigme.

Peu importe, la belle a craqué

Et dans son cœur, l’amour est né !

 

 

Hier soir deux inconnus

Et au matin sur l’avenue,

Deux amoureux tout étourdis

Par la longue nuit

Pour l’pauv’ garçon et la Nicole

Un orchestre aux mille cordes

Tous les oiseaux du point du jour

Chantaient l’amour !

Ils se sont aimés ( bis )

Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit

Et puis après quelques années, ils se sont mariés !

 

 

Le pauv’ garçon, c’était Laurent !

Mais vous aviez deviné !

Au demeurant, un homme charmant !

Mais alors, quelle timidité !

Sans un petit verre dans le nez,

Difficile de le débrider !

 

 

Le soir de ses noces, qu’il fût mal à l’aise

Quand il s’est trouvé tout déshabillé

En sentant frémir son beau corps de braise

Il a bien pensé … Je vais l’embrasser …

Aujourd’hui peut-être ou alors demain

Lui les émotions, ça le rend tout blême

Je l’embrasserai t’être après demain

Et si je peux pas l’embrasser moi-même …

Mais soudain ça l’a pris, au petit matin
Ils sont déchaînés chez eux quand ils aiment

Et dix après … Y’avait quatre gamins

Oui c’est bien le roi, d’la famille Mangin …

 

 

Ah ! L’a bien cultivé son  jardin !

Plantant, du soir jusqu’au matin

Tantôt un chou, tantôt une rose

Sans avoir peur qu’un jour n’éclose

Tout un parterre de p’tits soucis 

 

Le mariage, malheureusement,

N‘a pas changé son triste lot,

Être une éternelle voyageuse.

Son propre couple maintenant

A la fièvre déménageuse.

D’abord Nancy puis Chavelot,

Chantreigne, un an plus tard Bouilly

Pour se retrouver aujourd’hui

Dans le village de Javernant.

 

Là, il fallut un grand malaise

Pour qu’elle recherche du travail.

Depuis ce temps, c’est du foyer

De ce bien généreux «  Toumaï « 

Qu’elle retire chaque jour  d’la braise ;

Pas forcément la vie rêvée …

 

Elle aurait pu être  

 

 

Une artiste

A l’écran faire son numéro

Avec Jugnot jouer les choristes

A l’Alhambra ou au Lido

A l’Alhambra ou au Lido …

 

 

La vie, l’a voulu autrement,

Lui a donné une autre voie,

Son meilleur rôle, être maman

N’est-ce pas là un destin de choix ?

 

Elle aurait pu, de vive lutte,

Devenir championne de Hand-ball

Las, ne put atteindre son but

Et sa jeune carrière tourna mal,

La faute d’une vilaine blessure.

 

 

Mais quand sa fille vînt au basket

Elle sut saisir la balle au bond.

Elle  ressortit ses vieilles chaussettes

Pour jouer la femme presse-bouton

Un sport, évidemment  … plus sûr !

 

Maintenant, vous savez

Le fabuleux destin

De la Nicole Mangin.

Si venez à passer

Du côté d’Javernant

Pouvez vous arrêter,

Sa famille vous attend.

 

On y joue ou on y braise

L’été autour du barbecue.

On n’y danse pas la javanaise

Mais on y rigole beaucoup.

A l’auberge Javernantaise,

Près du billard, les queues sont prêtes,

Même si vos mains sont inexpertes.

 

Chez ces gens là, on est à l’aise,

L’hôtesse y est plus que parfaite,

Alors, je n’ai plus rien à dire ;

Vous pouvez, ce soir, l’introduire

Dans le club des quadragénaires ;

Nous s’rons ses fans et supporters …

 

La Nicole, BON ANNIVERSAIRE !

Vous êtes le 

 

 

ème

 

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ven.

28

juil.

2023

J'irai courir sur vos tombes

 

Et but ! ». 

 

Ainsi parlait Daniel, d’une voix aussi puissante que l’était son pointu, quand, d’un tir ravageur, il venait de marquer.

Celle-ci résonne encore dans la rue Saint-Martin comme un écho sans fin renvoyé par les murs de l’église séculaire.

 

Zut ! Trompé par Bimbo ! Vévé, qui se vantait d’égaler Formici, gardien emblématique du grand Troyes Aube Football, en était dépité.

 

Daniel, il faut le dire, était un grand gaillard, pas vraiment cérébral, mais reçu au certif, dont la force égalait sa surcharge pondérale. Ses presque 100 kilos, un tissu adipeux bien supérieur aux normes, lui valurent ce surnom au sens éléphantesque. Au demeurant gentil.

 

Il arrivait parfois qu’on lui lance un défi : le tour de La Ville aux Bois - ce hameau haut perché qui devint Amançois en 1825 - dans une course à vélo.

 

Cinq kilomètres de course avec une pente moyenne de presque 5 %, pour mettre en appétit, et quelques courts passages à près de 12 % !

Sur la ligne de départ, trois, quatre vélos classiques, munis de dérailleurs, et notre ami Bimbo chevauchant une vieille Bleue, un deux-roues délesté de son précieux moteur. Malgré le handicap lié à sa monture - à peine 3m 50 à chaque tour de pédale - Daniel, dans la montée, parvenait à nous suivre, faisant même jeu égal, car le braquet unique de sa bécane spéciale était mieux adapté aux traîtres raidillons qui marquaient le parcours. La masse de la machine semblait bien peu de chose sous la musculature du redoutable athlète. À partir de l’église, il finissait quand même par céder du terrain. Le développement cette fois devenait une entrave et Daniel, ahanant, dépassait l’édifice sans le moindre regard sur ce joyau roman daté du 12 ème siècle, l’église de l’Assomption.

 

Cette église paroissiale au plan rectangulaire cache de nombreux trésors que nous étions, sans doute, nombreux à ignorer. Car lequel d’entre nous avait seulement franchi son porche en pan de bois et pénétré le lieu ?

 

Sur le sol de sa nef, recouvert de tomettes, un chevalier en armes, Messire de Rochetailler, et sa dame Damoncourt, dévoilent leurs armoiries sur  le calcaire luisant d’une grande dalle funéraire. Écoute, cher visiteur, les voix évanescentes de leur esprit rodeur, murmurer aux oreilles leurs histoires de famille ! Ils parlent de leurs bonheurs, de leurs peines, de leurs larmes.

 

Deux autres pierres tombales, celles d’Antoine de Mertus et de Gaspard de Pons, vous invitent discrètement à remonter le temps des chevaliers-seigneurs qui édictaient des lois et rendaient la justice.

 

Sur les murs dévoués à la sobriété, des statuettes en bois peint. Sainte Catherine, saint Eloi ; saint Sébastien, martyr, le torse percé de flèches, saint Nicolas de Myre, les trois doigts étendus au dessus du tonneau, invitent à la piété.

 

Sur sa « bicyclette » bleue, Daniel, très à la peine,  inspirait la pitié. Il vivait sur l’asphalte un autre chemin de croix. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Daniel courbait l’échine mais ne s’avouait vaincu et restait bien visible dans nos rétroviseurs.

Il n’est de bête blessée qui ne trouve les ressources pour un ultime combat. Et passée la grande ferme, dite de l’ancien château, la pente devenait douce. Un faux plat salvateur pour le sérieux coup de pompe que connaissait Daniel.

 

Nous virions à la mare très largement en tête. La promesse d’une descente nous redonnait des jambes. La descente, 6% en moyenne, les premiers hectomètres à près de 15% !

Hélas, nos développements montraient vite leurs limites. Passé un certain rythme, relancer nos vélos devenait impossible. Notre accélération n’obéissait cette fois qu’à la seule pesanteur et pas à nos mollets. Sur ce terrain encore, notre pesant Bimbo et sa lourde machine avaient alors sur nous un précieux avantage. Et plus Daniel fonçait, plus notre avance fondait !

Heureusement la côte n’était pas des plus longues et nous pouvions atteindre la 443 avec un peu d’avance. Un axe très fréquenté qui était à l’époque le passage obligé, du moins le préféré, des vacanciers du nord. Belges et Néerlandais passaient ici en nombre pour rejoindre, à Ablis, l’autoroute du soleil. Nous devions sur cette route, rester très vigilants.

 

C’est ainsi que Daniel, de montées en descentes, de descentes en faux plats, sans jamais nous rejoindre, jouait à l’élastique, pour n’avoir sur la ligne, qu’un hectomètre ou deux de retard sur nos cycles. S’il n’en avait conscience, Daniel réalisait un véritable exploit.

 

« Et but ! »

C’est dans l’eau qu’il fallait récupérer la balle.

Mais comment aurait-il pu en être autrement sur ce quadrilatère aux limites naturelles constituées par l’Amance et le « ru de la honte », le ru des polémiques, que d’aucuns accusaient d’être le pot de chambre de gens indélicats.

 

Nous courions sans vergogne, et sans nous émouvoir,  sur l’aire abandonnée, pour des raisons d’espace et de santé publique, du cimetière paroissial où jadis reposaient notables et bons chrétiens. Au chevet de l’église, comme il était d’usage. Et même si de longtemps leurs derniers ossements avaient été levés, placés en fosse commune dans le nouveau cimetière, leurs esprits rodaient là, dans cet espace sacré que nous venions troubler.

 

« Et but ! »

Quand le royaume des ombres se laissait envahir par des rois insolents, le cimetière d’autrefois revenait à la vie et sa terre, en jachère, devenait pépinière de modestes talents.

Francis, Philippe, Bimbo ; Daniel, Fernand, Nanard ; Michel, Jean-Jacques, Bidule ; Jean-Luc , Dany et Serge ; Alain, Jean-Paul, Philippe, nous étions dix et cinq, nous étions une quinzaine qui, après le turbin, débarquions au cimetière pour le grand festival des soirées estivales.

Roulettes et passements d’jambes, grand pont, double contact ! Un festival de « cannes » sur une scène macabre.

 

Deux pulls et deux chemises et nous avions les buts. Quatre pieds qui se rapprochent et le premier d’entre eux qui parvenait à mordre sur les orteils de l’autre, choisissait, un à un, les membres de son équipe.

 

Les niveaux, avouons-le, étaient des plus divers, des acteurs confirmés, licenciés dans des clubs, jusqu’aux simples figurants qui apportaient le nombre. Mais l’envie et la joie étaient bien partagées. Et tout naturellement, Formici, Zorzetto et autres Pleimelding, les nouvelles stars d’une Aube sortie du crépuscule, devenaient les modèles qu’on rêvait d’imiter.

 

Les filles nous regardaient. Supportrices excitées, elles encourageaient l’un, criaient le nom de l’autre. Et sans doute, nos parades étaient-elles décuplées par l’idée qu’une d’entre elles serait peut-être sensible à nos prouesses techniques. Si elle ne l’était par nos charmes athlétiques !

 

S’en revenant du bois, Dany, le bûcheron, apparut un beau jour muni de quelques perches. Deux rectangles de bois d’une longueur de 4 mètres se trouvèrent face à face, plantés dans le sol dur.

Les pulls et les chemises retrouvèrent leurs mannequins.

Ces limites dans l’espace mettaient enfin un terme aux discussions stériles sur la validité de tel ou autre but.

Dès lors, notre Vévé devenait le phénix et l’hôte de ces bois.

Quand les charmes tremblaient sous un tir appuyé, la reprise de volée d’un Bimbo ou d’un Liard, les filles se gondolaient. Elles espéraient, sans doute, l’envolée des bois verts ! Histoire de s’amuser.

Mais les traverses tenaient.

 

Nous jouions bien ou mal, mais nous jouions heureux ! La passion était là. La fatigue quotidienne de ceux qui travaillaient, disparaissait. D’un coup. Comme par enchantement.

 

Il en était ainsi chaque soirée estivale. Au sortir du travail ou au retour des champs, nous nous retrouvions là.

Jusqu’à « l’heure de la soupe ».

 

Derrière les contreforts de l’église Saint-Martin, il arrivait parfois qu’un espion vienne nous voir. Tatave, Jean-Pierre ou Jacques.

Chacun, évidemment, encourageait les siens mais dans leur tête une graine, une précieuse radicule, se développait déjà. Cette idée que, peut-être, notre village d’Amance pourrait franchir le pas et permettre à ses « stars » de chausser, pour de bon, des crampons officiels.

 

L’idée fit son chemin.

 

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ven.

23

juin

2017

La pensée du jour

Toute musique qui ne peint rien n'est que du bruit.

[ Jean le Rond d'Alembert ] - Discours préliminaire à l'Encyclopédie

 

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