U

n départ en retraite,

Ce n’est pas anodin !

Bien plus qu’une page qui se tourne,

C’est la fin d’un bouquin.

«Plus belle la vie, professionnelle »

En cent soixante quatre pages.

 

Difficile aujourd’hui

De ne pas être tenté

De r’garder en arrière…

Dans le rétroviseur…

 

Je sais, l’ami Ronald

N’est pas homme de rétro

Et à y réfléchir,

Normal pour un rétro,

Je me demande maint ‘nant

Si son ancienne « Ami »,

Je parle d’son Ami 6,

En était équipée…

 

Personne en attendant,

Quand il rentrait à Troyes

Pressé d’revoir sa belle,

L’a vu regarder d’dans.

 

Pour remonter le temps

L’rétro n’suffira pas.

Plus de quarante années !

40 années…lumière…

C’est d’un bon  télescope

Dont on aura besoin.

 

Pointage obligatoire : Reims,

La ville des origines

Du professeur Roger.

La ville de son  big-bang

Et aussi d’ la … bigband.

 

Au début, l’agneau est solitaire.

L’ancien  de Gambetta,

Formé à la Bonnel

Et à la Versini,

Bac D en ligne de Mir,

Reste souvent cloîtré

Dans sa petite cité

A écouter en boucle

Du Serge Reggiani :

    L’absence, Madame nostalgie, Ma solitude

Que des titres à vous remonter le moral !

 

E

t puis progressivement,

Sans doute attiré

Par l’étoile du berger,

Il intègre un troupeau

Oh ! Un tout petit cheptel

A sa taille, un quatuor

Qui deviendra trio

Auquel, de temps en temps,

Se joindront quelques loups

Ou brebis égarées…

 

En partant  du principe

Que trois cerveaux, bien faits,

Peuvent être complémentaires,

Ensemble,  ils inventeront

Le coapprentissage.

L’un donnera  dans les maths

Et aussi  la chimie,

Le second la botanique

Et la géologie.

Le troisième…  touche à tout

Surtout à la guitare…

Et la formule fonctionne !

 

A l’instar des  Dalton

Ou bien des Pieds Nickelés

Ils sont inséparables

Au point de fréquenter

L’ même centre de formation

En goûtant au passage

A la colocation.

 

Ah ! Cette année mythique

Aurait pu inspirer

Bien des titres de films,

Voire d’émissions télé

Ou des pièces de théâtre…

-          Trois hommes et un coussin (et qui avait le coussin ?)

-          La cuisine au beurre (au beurre breton bien sûr)

-          La leçon de guitare (il n’y avait pas d’piano)

-          Le mystère de la chambre du fond

-          Zone interdite (toujours la chambre du fond)

-          Camping (y’avait déjà le lit de camp)

-          Viens chez moi, j’habite chez des copains I avec dans le rôle principal, le « chef de chez Radar »

-          Viens chez moi, j’habite chez des copains II

Où encore  la célèbre pièce « trois garçons, une fille»  avec France dans le rôle de la fille…

 

Sans conteste pour Ronald,

Reims aura bien été la ville du sacre

 

S

itôt intronisé

Notre très pieu Ronald,

Surtout après 22 heures,

Se cloître à la Chapelle.

Il n’y restera pas.

 

D’abord, le devoir l’appel.

Ce sera Mourmelon

(Tiens, ça m’rappelle  quelque-chose…)

Un an logé, nourri,

Blanchi…  instruit !

Bien sûr, ça ne s’refuse pas.

 

En fait, il s’en s’rait bien passé.

Il n’avait pas attendu

Qu’la République le siffle

Pour bien servir la France…

 

Et puis, La Chapelle, ça va un peu…

Saint Luc est le patron

Des médecins et des peintres

Mais pas des enseignants !

 

Il part aux Jacobins,

Un collège difficile

Mais notre Ronald aime ça.

P’t’être son côté maso ?

Il se bat, il résiste

Cherche à intéresser

Quitte à sortir du cadre

C'est-à-dire des programmes

Et au diable l’inspecteur !

 

Mais dans ce genre d’établissement

Chaque an  passé, ça use

Ça use énormément !

Alors il laisse tomber

Le plat de résistance

Et demande le fromage.

 

Ce sera du Chaource.

Un p’tit  peu trop coulant

Car Ronald s’y ennuie.

Même avec le beau Serge

C’est un peu trop pépère.

 

Puis la part de fromage

Devint d’plus en plus p’tite

Fallut un complément.

Bar-sur-Seine, La Chapelle, Aix en Othe.

Il devient VRP.

 

H

élas, le compteur tourne.

N’avait p’t-être pas d’rétro 

Mais un compteur, ça oui !

D’ailleurs c’est le même que le mien…

 

Ok, ça ne se voit pas

Mais les années sont là.

Et puis devenir palmé

Lui donna des idées :

Si je laissais tomber ?

 

La décision est prise,

De façon radicale.

« Vive les vacances

Plus de pénitence,

Les cahiers au feu

Et le sac au milieu ! »

Il fait le grand ménage.

 

Oh,  soyez rassuré,

Y’va pas déprimer.

Ronald a un plan B.

Il s’est bien préparé.

Jardinage, bûcheronnage,

Les mamelles de la France !

 

Un long apprentissage

Et il devînt expert !

Faut dire qu’il prît des cours

Au prix d’un cassoulet…

 

Il est maint ‘nant un pro,

Le roi d’la bûche cosine,

Breveté SG Gégé.

L’avenir est assuré.

 

Travailler, travailler encore

Mais juste pour le plaisir.

Etre papy à plein temps,

Voyager et rêver,

Prendre soin de son corps

Donner et puis servir…

 

En quittant les pompiers

Il a gardé la flamme.

« Courage et dévouement »

Se dévouer pour les autres

C’est aussi une option

Qu’il envisagerait bien.

 

C

’est la fin d’une carrière,

L’début d’une aventure…

Oh, pas du Koh-Lanta !

Plutôt un peu pépère…

Ménager sa monture

Pour voyager plus loin…

 

Allez Ronald, c’est bon !

Tes supporters sont là !

Presse-toi mais lentement

Et que cette fête ce soir

Soit le prélude

D’une joyeuse retraite !

 

A bientôt dans le même métro !

 

 le 20 juillet 2013

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ven.

28

juil.

2023

J'irai courir sur vos tombes

 

Et but ! ». 

 

Ainsi parlait Daniel, d’une voix aussi puissante que l’était son pointu, quand, d’un tir ravageur, il venait de marquer.

Celle-ci résonne encore dans la rue Saint-Martin comme un écho sans fin renvoyé par les murs de l’église séculaire.

 

Zut ! Trompé par Bimbo ! Vévé, qui se vantait d’égaler Formici, gardien emblématique du grand Troyes Aube Football, en était dépité.

 

Daniel, il faut le dire, était un grand gaillard, pas vraiment cérébral, mais reçu au certif, dont la force égalait sa surcharge pondérale. Ses presque 100 kilos, un tissu adipeux bien supérieur aux normes, lui valurent ce surnom au sens éléphantesque. Au demeurant gentil.

 

Il arrivait parfois qu’on lui lance un défi : le tour de La Ville aux Bois - ce hameau haut perché qui devint Amançois en 1825 - dans une course à vélo.

 

Cinq kilomètres de course avec une pente moyenne de presque 5 %, pour mettre en appétit, et quelques courts passages à près de 12 % !

Sur la ligne de départ, trois, quatre vélos classiques, munis de dérailleurs, et notre ami Bimbo chevauchant une vieille Bleue, un deux-roues délesté de son précieux moteur. Malgré le handicap lié à sa monture - à peine 3m 50 à chaque tour de pédale - Daniel, dans la montée, parvenait à nous suivre, faisant même jeu égal, car le braquet unique de sa bécane spéciale était mieux adapté aux traîtres raidillons qui marquaient le parcours. La masse de la machine semblait bien peu de chose sous la musculature du redoutable athlète. À partir de l’église, il finissait quand même par céder du terrain. Le développement cette fois devenait une entrave et Daniel, ahanant, dépassait l’édifice sans le moindre regard sur ce joyau roman daté du 12 ème siècle, l’église de l’Assomption.

 

Cette église paroissiale au plan rectangulaire cache de nombreux trésors que nous étions, sans doute, nombreux à ignorer. Car lequel d’entre nous avait seulement franchi son porche en pan de bois et pénétré le lieu ?

 

Sur le sol de sa nef, recouvert de tomettes, un chevalier en armes, Messire de Rochetailler, et sa dame Damoncourt, dévoilent leurs armoiries sur  le calcaire luisant d’une grande dalle funéraire. Écoute, cher visiteur, les voix évanescentes de leur esprit rodeur, murmurer aux oreilles leurs histoires de famille ! Ils parlent de leurs bonheurs, de leurs peines, de leurs larmes.

 

Deux autres pierres tombales, celles d’Antoine de Mertus et de Gaspard de Pons, vous invitent discrètement à remonter le temps des chevaliers-seigneurs qui édictaient des lois et rendaient la justice.

 

Sur les murs dévoués à la sobriété, des statuettes en bois peint. Sainte Catherine, saint Eloi ; saint Sébastien, martyr, le torse percé de flèches, saint Nicolas de Myre, les trois doigts étendus au dessus du tonneau, invitent à la piété.

 

Sur sa « bicyclette » bleue, Daniel, très à la peine,  inspirait la pitié. Il vivait sur l’asphalte un autre chemin de croix. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Daniel courbait l’échine mais ne s’avouait vaincu et restait bien visible dans nos rétroviseurs.

Il n’est de bête blessée qui ne trouve les ressources pour un ultime combat. Et passée la grande ferme, dite de l’ancien château, la pente devenait douce. Un faux plat salvateur pour le sérieux coup de pompe que connaissait Daniel.

 

Nous virions à la mare très largement en tête. La promesse d’une descente nous redonnait des jambes. La descente, 6% en moyenne, les premiers hectomètres à près de 15% !

Hélas, nos développements montraient vite leurs limites. Passé un certain rythme, relancer nos vélos devenait impossible. Notre accélération n’obéissait cette fois qu’à la seule pesanteur et pas à nos mollets. Sur ce terrain encore, notre pesant Bimbo et sa lourde machine avaient alors sur nous un précieux avantage. Et plus Daniel fonçait, plus notre avance fondait !

Heureusement la côte n’était pas des plus longues et nous pouvions atteindre la 443 avec un peu d’avance. Un axe très fréquenté qui était à l’époque le passage obligé, du moins le préféré, des vacanciers du nord. Belges et Néerlandais passaient ici en nombre pour rejoindre, à Ablis, l’autoroute du soleil. Nous devions sur cette route, rester très vigilants.

 

C’est ainsi que Daniel, de montées en descentes, de descentes en faux plats, sans jamais nous rejoindre, jouait à l’élastique, pour n’avoir sur la ligne, qu’un hectomètre ou deux de retard sur nos cycles. S’il n’en avait conscience, Daniel réalisait un véritable exploit.

 

« Et but ! »

C’est dans l’eau qu’il fallait récupérer la balle.

Mais comment aurait-il pu en être autrement sur ce quadrilatère aux limites naturelles constituées par l’Amance et le « ru de la honte », le ru des polémiques, que d’aucuns accusaient d’être le pot de chambre de gens indélicats.

 

Nous courions sans vergogne, et sans nous émouvoir,  sur l’aire abandonnée, pour des raisons d’espace et de santé publique, du cimetière paroissial où jadis reposaient notables et bons chrétiens. Au chevet de l’église, comme il était d’usage. Et même si de longtemps leurs derniers ossements avaient été levés, placés en fosse commune dans le nouveau cimetière, leurs esprits rodaient là, dans cet espace sacré que nous venions troubler.

 

« Et but ! »

Quand le royaume des ombres se laissait envahir par des rois insolents, le cimetière d’autrefois revenait à la vie et sa terre, en jachère, devenait pépinière de modestes talents.

Francis, Philippe, Bimbo ; Daniel, Fernand, Nanard ; Michel, Jean-Jacques, Bidule ; Jean-Luc , Dany et Serge ; Alain, Jean-Paul, Philippe, nous étions dix et cinq, nous étions une quinzaine qui, après le turbin, débarquions au cimetière pour le grand festival des soirées estivales.

Roulettes et passements d’jambes, grand pont, double contact ! Un festival de « cannes » sur une scène macabre.

 

Deux pulls et deux chemises et nous avions les buts. Quatre pieds qui se rapprochent et le premier d’entre eux qui parvenait à mordre sur les orteils de l’autre, choisissait, un à un, les membres de son équipe.

 

Les niveaux, avouons-le, étaient des plus divers, des acteurs confirmés, licenciés dans des clubs, jusqu’aux simples figurants qui apportaient le nombre. Mais l’envie et la joie étaient bien partagées. Et tout naturellement, Formici, Zorzetto et autres Pleimelding, les nouvelles stars d’une Aube sortie du crépuscule, devenaient les modèles qu’on rêvait d’imiter.

 

Les filles nous regardaient. Supportrices excitées, elles encourageaient l’un, criaient le nom de l’autre. Et sans doute, nos parades étaient-elles décuplées par l’idée qu’une d’entre elles serait peut-être sensible à nos prouesses techniques. Si elle ne l’était par nos charmes athlétiques !

 

S’en revenant du bois, Dany, le bûcheron, apparut un beau jour muni de quelques perches. Deux rectangles de bois d’une longueur de 4 mètres se trouvèrent face à face, plantés dans le sol dur.

Les pulls et les chemises retrouvèrent leurs mannequins.

Ces limites dans l’espace mettaient enfin un terme aux discussions stériles sur la validité de tel ou autre but.

Dès lors, notre Vévé devenait le phénix et l’hôte de ces bois.

Quand les charmes tremblaient sous un tir appuyé, la reprise de volée d’un Bimbo ou d’un Liard, les filles se gondolaient. Elles espéraient, sans doute, l’envolée des bois verts ! Histoire de s’amuser.

Mais les traverses tenaient.

 

Nous jouions bien ou mal, mais nous jouions heureux ! La passion était là. La fatigue quotidienne de ceux qui travaillaient, disparaissait. D’un coup. Comme par enchantement.

 

Il en était ainsi chaque soirée estivale. Au sortir du travail ou au retour des champs, nous nous retrouvions là.

Jusqu’à « l’heure de la soupe ».

 

Derrière les contreforts de l’église Saint-Martin, il arrivait parfois qu’un espion vienne nous voir. Tatave, Jean-Pierre ou Jacques.

Chacun, évidemment, encourageait les siens mais dans leur tête une graine, une précieuse radicule, se développait déjà. Cette idée que, peut-être, notre village d’Amance pourrait franchir le pas et permettre à ses « stars » de chausser, pour de bon, des crampons officiels.

 

L’idée fit son chemin.

 

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ven.

23

juin

2017

La pensée du jour

Toute musique qui ne peint rien n'est que du bruit.

[ Jean le Rond d'Alembert ] - Discours préliminaire à l'Encyclopédie

 

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